mercredi 26 juin 2013

Picasso et la céramique / Picasso and ceramic

 "Je ne cherche pas, je trouve" Picasso, conversation avec Marius de Zayas 1923

Ces images sont prises sur le blog d'Alain Truong (en anglais) : http://www.alaintruong.com/archives/2013/01/12/26124866.html

These images are taken from Alain Truong's blog, in english : http://www.alaintruong.com/archives/2013/01/12/26124866.html

En voici un extrait en français :

...."Picasso a stupéfié le monde de l'art quand, en 1947, un des artistes les plus célèbres de l'Ouest, approchant des 65 ans, il s'est enfui du Paris de l'après-guerre pour entreprendre un apprentissage à la peu connue (à l'époque), poterie Madoura à Vallauris, dans les régions rurales Sud de la France.

Les œuvres ludiques qu'il a créé dans la région, pendant plus de deux décennies, d'animaux et d'humains sculptés dans l'argile, représentent une période critique de la fin de carrière de Picasso quand il a cherché à immortaliser davantage sa place dans l'histoire de l'art. La poterie, une des plus anciennes de toutes les formes d'art, avait été produite à Vallauris depuis l'époque romaine, par la maîtrise de ce métier traditionnel, il cherchait à rejoindre la longue histoire des artisans qui ont travaillé dans la région depuis des millénaires.

Les années que Picasso a passé dans la région sont perçues pour avoir été parmi les plus heureuses de sa vie. A Madoura, il a rencontré sa future épouse et muse célèbre Jacqueline Roque, qui devait rester son partenaire pendant plus de 20 ans, jusqu'à sa mort en 1973. Au cours de sa première année à la poterie, Picasso et Françoise Gilot son amante ont eu un fils, Claude, qui partageait son nom avec le saint patron des potiers"...

..."Picasso stunned the art world when, in 1947, as one of the most famous western artists, and approaching 65 years of age, he absconded from post-war Paris to undertake an apprenticeship at the then little-known Madoura pottery in Vallauris, in rural Southern France. The playful works he created in the region over two decades, of animals and people sculpted in clay, represent a critical period in Picasso’s late career when he sought to further immortalise his place in the history of art. Pottery, one of the oldest of all art forms, had been produced in Vallauris since Roman times; by mastering this traditional craft he sought to join the long history of artisans who had worked in the area for millennia.

The years Picasso spent in the region are understood to have been among the happiest of his life. At Madoura, he met his future wife and famed muse Jacqueline Roque, who was to remain his partner for over 20 years until his death in 1973. During his first year at the pottery, Picasso and his lover Françoise Gilot welcomed a son, Claude, who shared his name with the Patron Saint of Potters"...


"Je ne cherche pas, je trouve" Picasso, conversation avec Marius de Zayas 1923

Cette citation bien connue fait partie d'une conversation de Picasso avec Marius de Zayas, au cours de mes études d'arts plastiques, l'ont m'avait en effet dit que Picasso n'avait pas écrit sur son art, mais il a parlé, voici un article que j'ai trouvé sur le blog de FetishGhost, (merci à lui), cliquez sur le lien "STATEMENT TO MARIUS DE ZAYAS," 1923

Article en anglais

J'ai bien cherché une traduction en français, mais je n'ai pas trouvé alors voici "ma traduction" j'espère qu'elle n'est pas trop mauvaise. L'important est de voir dans quel contexte Picasso prononce ses paroles et quel est le sens de ce qu'il dit.

Je dois dire que si j'avais eu vent de ces propos un peu plus tôt, cela m'aurait évité quelques cogitations.

La voici :

"I do not research, I find" Picasso, conversation with Marius de Zayas 1923

 This well-known quote is part of a conversation Picasso had with Marius de Zayas, during my studies in visual arts, my teachers have indeed said that Picasso did not write about his art, but he discussed here is an article I found on the FetishGhost's blog  (thank you so much), click on the link "STATEMENT TO MARIUS DE ZAYAS," 1923

Post in English

I have searched for a translation into French, but I have not found, so here "my translation" I hope it is not too bad. The important thing is to see the context in which Picasso told ​​ and what is the meaning of what he says.

I must say I've heard about these earlier, it would have saved me a few musings.

Here it is:



Art Humanities Primary Source Reading 49
Pablo Picasso
"STATEMENT TO MARIUS DE ZAYAS," 1923

Je peux difficilement comprendre l'importance donnée au mot recherche dans le cadre de la peinture moderne. Mon opinion est que chercher ne signifie rien en peinture. Trouver est la chose. Personne n'est intéressé à suivre un homme qui, les yeux fixés sur le sol, passe sa vie à chercher le trésor que la fortune devrait mettre sur son chemin. Celui qui trouve quelque chose, peu importe ce que cela peut être, même si son intention n'était pas de chercher, au moins éveille notre curiosité, sinon notre admiration.
Parmi les nombreux péchés dont j'ai été accusé, rien n'est plus faux que, le principal objectif de mon travail, est l'esprit de recherche. Quand je peins, mon but est de montrer ce que j'ai trouvé et pas ce que je recherche. En art, les intentions ne sont pas suffisantes et, comme on dit en espagnol, l'amour doit être prouvé par des actes et non par des raisons. Ce que l'on fait est ce qui compte et non pas ce que l'on avait l'intention de faire.
Nous savons tous que l'art n'est pas la vérité. L'art est un mensonge qui nous fait réaliser la vérité, du moins la vérité qui nous est donnée à comprendre. L'artiste doit savoir comment convaincre les autres de la véracité de ses mensonges. Si il montre dans son travail qu'il a cherché, et re-cherché, le moyen de montrer le mensonge, il n'arrivera jamais à accomplir quoi que ce soit.
L'idée de la recherche a souvent fait que la peinture s'égare, et que l'artiste se perd dans des élucubrations mentales. Ce qui a peut-être été le principal défaut de l'art moderne. L'esprit de recherche a empoisonné ceux qui n'ont pas bien compris tous les éléments positifs et concluants dans l'art moderne et leur a fait tenter de peindre l'invisible et, par conséquent, « l'impeignable ».
Ils parlent de naturalisme par opposition à la peinture moderne. Je voudrais savoir si quelqu'un a déjà vu une œuvre d'art naturelle. Nature et art, étant deux choses différentes, ne peuvent pas être la même chose. A travers l'art, nous exprimons notre conception de ce que la nature n'est pas.
Velazquez nous a laissé son idée des gens de son époque. Sans doute étaient-ils différents de la façon dont il les a peint, mais nous ne pouvons pas concevoir un Philippe IV d'une autre façon que celle Velazquez. Rubens aussi a fait un portrait du même roi et dans le portrait de Rubens, il semble tout à fait une autre personne. Nous croyons en celle peinte par Velazquez, car il nous convainc par son droit du plus fort.
Depuis les peintres des origines, les primitifs, dont le travail est évidemment différent de la nature, jusqu'à ces artistes qui, comme David, Ingres et même Bouguereau, croyaient peindre la nature telle qu'elle est, l'art a toujours été l'art et non la nature. Et du point de vue de l'art, il n'y a pas de formes concrètes ou abstraites, mais des formes seulement qui sont des mensonges plus ou moins convaincants. Que ces mensonges soient nécessaires pour notre mental ne fait aucun doute, car c'est grâce à eux que nous formons notre point de vue esthétique de la vie.
Le cubisme n'est pas différent de toutes les autres écoles de peinture. Les mêmes principes et les mêmes éléments sont communs à tous. Le fait que depuis longtemps le cubisme n'a pas été compris et que même aujourd'hui il y a des gens qui ne peuvent y voir quelque chose, ne veut rien dire. Je ne lis pas l'anglais, un livre en anglais est un livre blanc pour moi. Cela ne signifie pas que la langue anglaise n'existe pas, et pourquoi devrais-je blâmer quelqu'un d'autre que moi-même, si je ne peux comprendre ce dont je ne sais rien ?
J'entends aussi souvent le mot évolution. À plusieurs reprises, on me demande d'expliquer comment une peinture évolue. Pour moi, il n'y a ni passé ni avenir en art. Si une œuvre d'art ne peut vivre toujours dans le présent, elle ne doit pas être prise en compte.
L'art des Grecs, des Égyptiens, des grands peintres qui ont vécus en d'autres temps, n'est pas un art du passé; c'est peut-être plus vivant aujourd'hui que cela n'a jamais été. L'art n'évolue pas par lui-même, les idées des gens changent et avec eux leur mode d'expression. Quand j'entends les gens parler de l'évolution d'un artiste, il me semble qu'ils l'envisagent debout entre deux miroirs qui se font face et font se reproduire son image un nombre infini de fois, et qu'ils envisagent les images successives d'un miroir comme son passé, et les images de l'autre miroir comme son avenir, alors que son image réelle est considérée comme son présent. Ils ne considèrent pas que se sont toutes les mêmes images dans des plans différents.
Variation ne signifie pas évolution. Si un artiste varie son mode d'expression cela signifie seulement qu'il a changé sa manière de penser et en changeant, cela peut être pour le meilleur ou pour le pire.
Les différentes manières que j'ai utilisées dans mon art ne doivent pas être considérées comme une évolution, ou comme des étapes vers un idéal inconnu de la peinture. Tout ce que j'ai jamais fait a été fait pour le présent et dans l'espoir que cela restera toujours dans le présent. Quand j'ai trouvé quelque chose à exprimer, je l'ai fait sans penser au passé ou à l'avenir. Je ne crois pas avoir utilisé radicalement des éléments différents dans les différentes manières que j'ai utilisées dans la peinture. Si les sujets que j'ai voulu exprimer ont suggéré différents moyens d'expression, je n'ai jamais hésité à les adopter. Je n'ai jamais fait des essais ou des expériences. Chaque fois que j'avais quelque chose à dire, je l'ai dit de la manière dont j'ai senti qu'elle devait être dite. Différents motifs nécessitent inévitablement différentes méthodes d'expression. Cela n'implique pas non plus l'évolution ou le progrès, mais une adaptation de l'idée que l'on veut exprimer et les moyens d'exprimer cette idée.
Les arts de transition n'existent pas. Dans l'histoire chronologique de l'art il y a des périodes qui sont plus positives, plus complètes que d'autres. Cela signifie qu'il y a des périodes où il y a de meilleurs artistes que dans d'autres. Si l'histoire de l'art pouvait être représentée graphiquement, comme dans un tableau utilisé par une infirmière pour marquer les changements de température de son patient, les mêmes silhouettes de montagnes seraient représentées, ce qui prouve que dans l'art n'existe pas de progrès ascendant, mais qu'il suit certains hauts et des bas qui pourraient survenir à tout moment. La même chose se produit avec le travail d'un artiste individuel.
Beaucoup pensent que le cubisme est un art de transition, une expérience qui consiste à apporter des résultats ultérieurs. Ceux qui pensent de cette façon ne l'ont pas compris. Le cubisme n'est pas non plus un grain ou d'un fœtus, mais un art traitant principalement avec des formes, et quand une forme est réalisée, elle est là pour vivre sa propre vie. Une substance minérale, présentant une formation géométrique, n'est pas faite pour des fins transitoires, elle est ce qu'elle est et aura toujours sa propre forme. Mais si nous voulons appliquer la loi de l'évolution et de la transformation à l'art, alors nous devons admettre que tout art est éphémère. Au contraire, l'art n'entre pas dans ces absolutismes philosophiques. Si le cubisme est un art de transition, je suis sûr que la seule chose qui va en sortir est une autre forme de cubisme.
Les mathématiques, la trigonométrie, la chimie, la psychanalyse, la musique et que sais-je, ont été liées au cubisme pour lui donner une interprétation plus facile. Tout cela a été de la pure littérature, pour ne pas dire absurde, et a seulement réussi à aveugler les gens avec des théories.
Le cubisme s'est maintenu dans ses propres limites et les limites de la peinture, il n'a jamais fait semblant d'aller au-delà. Le dessin, la forme et la couleur sont comprises et pratiquées dans le cubisme dans l'esprit et la manière dont ils sont compris et pratiqués dans toutes les autres écoles. Nos sujets peuvent être différents, comme nous avons introduit dans la peinture des objets et des formes qui étaient auparavant ignorées. Nous avons gardé nos yeux ouverts à notre environnement et aussi notre cerveau.
Nous donnons aux formes et aux couleurs toute leur signification individuelle, autant que nous pouvons les voir; dans nos sujets, nous gardons la joie de la découverte, le plaisir de l'inattendu; notre sujet lui-même doit être une source d'intérêt. Mais à quoi sert de dire ce que nous faisons quand tout le monde peut le voir si il le veut ?

«Picasso Speaks » The Arts, New York, mai 1923, pp 315-26; reproduit dans Alfred Barr: Picasso, New York 1946 pp 270-1.



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