"Je ne cherche pas, je trouve" Picasso, conversation avec Marius de Zayas 1923
Ces images sont prises sur le blog d'Alain Truong (en anglais) : http://www.alaintruong.com/archives/2013/01/12/26124866.html
These images are taken from Alain Truong's blog, in english : http://www.alaintruong.com/archives/2013/01/12/26124866.html
En voici un extrait en français :
...."Picasso a stupéfié le monde de l'art quand, en 1947, un des artistes les plus célèbres de l'Ouest, approchant des 65 ans, il s'est enfui du Paris de l'après-guerre pour entreprendre un apprentissage à la peu connue (à l'époque), poterie Madoura à Vallauris, dans les régions rurales Sud de la France.
Les œuvres ludiques qu'il a créé dans la région, pendant plus de deux décennies, d'animaux et d'humains sculptés dans l'argile, représentent une période critique de la fin de carrière de Picasso quand il a cherché à immortaliser davantage sa place dans l'histoire de l'art. La poterie, une des plus anciennes de toutes les formes d'art, avait été produite à Vallauris depuis l'époque romaine, par la maîtrise de ce métier traditionnel, il cherchait à rejoindre la longue histoire des artisans qui ont travaillé dans la région depuis des millénaires.
Les années que Picasso a passé dans la région sont perçues pour avoir été parmi les plus heureuses de sa vie. A Madoura, il a rencontré sa future épouse et muse célèbre Jacqueline Roque, qui devait rester son partenaire pendant plus de 20 ans, jusqu'à sa mort en 1973. Au cours de sa première année à la poterie, Picasso et Françoise Gilot son amante ont eu un fils, Claude, qui partageait son nom avec le saint patron des potiers"...
..."Picasso stunned the art world when, in 1947, as one of the most famous western artists, and approaching 65 years of age, he absconded from post-war Paris to undertake an apprenticeship at the then little-known Madoura pottery in Vallauris, in rural Southern France. The playful works he created in the region over two decades, of animals and people sculpted in clay, represent a critical period in Picasso’s late career when he sought to further immortalise his place in the history of art. Pottery, one of the oldest of all art forms, had been produced in Vallauris since Roman times; by mastering this traditional craft he sought to join the long history of artisans who had worked in the area for millennia.
The years Picasso spent in the region are understood to have been among the happiest of his life. At Madoura, he met his future wife and famed muse Jacqueline Roque, who was to remain his partner for over 20 years until his death in 1973. During his first year at the pottery, Picasso and his lover Françoise Gilot welcomed a son, Claude, who shared his name with the Patron Saint of Potters"...
"Je ne cherche pas, je trouve" Picasso, conversation avec Marius de Zayas 1923
Article en anglais
J'ai bien cherché une traduction en français, mais je n'ai pas trouvé alors voici "ma traduction" j'espère qu'elle n'est pas trop mauvaise. L'important est de voir dans quel contexte Picasso prononce ses paroles et quel est le sens de ce qu'il dit.
Je dois dire que si j'avais eu vent de ces propos un peu plus tôt, cela m'aurait évité quelques cogitations.
La voici :
"I do not research, I find" Picasso, conversation with Marius de Zayas 1923
This well-known quote is part of a conversation Picasso had with Marius de Zayas, during my studies in visual arts, my teachers have indeed said that Picasso did not write about his art, but he discussed here is an article I found on the FetishGhost's blog (thank you so much), click on the link "STATEMENT TO MARIUS DE ZAYAS," 1923
Post in English
I have searched for a translation into French, but I have not found, so here "my translation" I hope it is not too bad. The important thing is to see the context in which Picasso told and what is the meaning of what he says.
I must say I've heard about these earlier, it would have saved me a few musings.
Here it is:
Art
Humanities Primary Source Reading 49
Pablo
Picasso
"STATEMENT
TO MARIUS DE ZAYAS," 1923
Je
peux difficilement comprendre l'importance donnée au mot
recherche dans le cadre de la peinture moderne. Mon opinion
est que chercher ne signifie rien en peinture. Trouver est la
chose. Personne n'est intéressé à suivre un
homme qui, les yeux fixés sur le sol, passe sa vie à
chercher le trésor que la fortune devrait mettre sur son
chemin. Celui qui trouve quelque chose, peu importe ce que cela peut
être, même si son intention n'était pas de
chercher, au moins éveille notre curiosité, sinon notre
admiration.
Parmi
les nombreux péchés dont j'ai été accusé,
rien n'est plus faux que, le principal objectif de mon travail, est
l'esprit de recherche. Quand je peins, mon but est de montrer ce que
j'ai trouvé et pas ce que je recherche. En art, les intentions
ne sont pas suffisantes et, comme on dit en espagnol, l'amour doit
être prouvé par des actes et non par des raisons. Ce que
l'on fait est ce qui compte et non pas ce que l'on avait l'intention
de faire.
Nous
savons tous que l'art n'est pas la vérité. L'art est un
mensonge qui nous fait réaliser la vérité, du
moins la vérité qui nous est donnée à
comprendre. L'artiste doit savoir comment convaincre les autres de la
véracité de ses mensonges. Si il montre dans son
travail qu'il a cherché, et re-cherché, le moyen de
montrer le mensonge, il n'arrivera jamais à accomplir quoi que
ce soit.
L'idée
de la recherche a souvent fait que la peinture s'égare, et que
l'artiste se perd dans des élucubrations mentales. Ce qui a
peut-être été le principal défaut de l'art
moderne. L'esprit de recherche a empoisonné ceux qui n'ont pas
bien compris tous les éléments positifs et concluants
dans l'art moderne et leur a fait tenter de peindre l'invisible et,
par conséquent, « l'impeignable ».
Ils
parlent de naturalisme par opposition à la peinture moderne.
Je voudrais savoir si quelqu'un a déjà vu une œuvre
d'art naturelle. Nature et art, étant deux choses différentes,
ne peuvent pas être la même chose. A travers l'art, nous
exprimons notre conception de ce que la nature n'est pas.
Velazquez
nous a laissé son idée des gens de son époque.
Sans doute étaient-ils différents de la façon
dont il les a peint, mais nous ne pouvons pas concevoir un Philippe
IV d'une autre façon que celle Velazquez. Rubens aussi a fait
un portrait du même roi et dans le portrait de Rubens, il
semble tout à fait une autre personne. Nous croyons en celle
peinte par Velazquez, car il nous convainc par son droit du plus
fort.
Depuis
les peintres des origines, les primitifs, dont le travail est
évidemment différent de la nature, jusqu'à ces
artistes qui, comme David, Ingres et même Bouguereau, croyaient
peindre la nature telle qu'elle est, l'art a toujours été
l'art et non la nature. Et du point de vue de l'art, il n'y a pas de
formes concrètes ou abstraites, mais des formes seulement qui
sont des mensonges plus ou moins convaincants. Que ces mensonges
soient nécessaires pour notre mental ne fait aucun doute, car
c'est grâce à eux que nous formons notre point de vue
esthétique de la vie.
Le
cubisme n'est pas différent de toutes les autres écoles
de peinture. Les mêmes principes et les mêmes éléments
sont communs à tous. Le fait que depuis longtemps le cubisme
n'a pas été compris et que même aujourd'hui il y
a des gens qui ne peuvent y voir quelque chose, ne veut rien dire. Je
ne lis pas l'anglais, un livre en anglais est un livre blanc pour
moi. Cela ne signifie pas que la langue anglaise n'existe pas, et
pourquoi devrais-je blâmer quelqu'un d'autre que moi-même,
si je ne peux comprendre ce dont je ne sais rien ?
J'entends
aussi souvent le mot évolution. À plusieurs reprises,
on me demande d'expliquer comment une peinture évolue. Pour
moi, il n'y a ni passé ni avenir en art. Si une œuvre d'art
ne peut vivre toujours dans le présent, elle ne doit pas être
prise en compte.
L'art
des Grecs, des Égyptiens, des grands peintres qui ont vécus
en d'autres temps, n'est pas un art du passé; c'est peut-être
plus vivant aujourd'hui que cela n'a jamais été. L'art
n'évolue pas par lui-même, les idées des gens
changent et avec eux leur mode d'expression. Quand j'entends les gens
parler de l'évolution d'un artiste, il me semble qu'ils
l'envisagent debout entre deux miroirs qui se font face et font se
reproduire son image un nombre infini de fois, et qu'ils envisagent
les images successives d'un miroir comme son passé, et les
images de l'autre miroir comme son avenir, alors que son image réelle
est considérée comme son présent. Ils ne
considèrent pas que se sont toutes les mêmes images dans
des plans différents.
Variation
ne signifie pas évolution. Si un artiste varie son mode
d'expression cela signifie seulement qu'il a changé sa manière
de penser et en changeant, cela peut être pour le meilleur ou
pour le pire.
Les
différentes manières que j'ai utilisées dans mon
art ne doivent pas être considérées comme une
évolution, ou comme des étapes vers un idéal
inconnu de la peinture. Tout ce que j'ai jamais fait a été
fait pour le présent et dans l'espoir que cela restera
toujours dans le présent. Quand j'ai trouvé quelque
chose à exprimer, je l'ai fait sans penser au passé ou
à l'avenir. Je ne crois pas avoir utilisé radicalement
des éléments différents dans les différentes
manières que j'ai utilisées dans la peinture. Si les
sujets que j'ai voulu exprimer ont suggéré différents
moyens d'expression, je n'ai jamais hésité à les
adopter. Je n'ai jamais fait des essais ou des expériences.
Chaque fois que j'avais quelque chose à dire, je l'ai dit de
la manière dont j'ai senti qu'elle devait être dite.
Différents motifs nécessitent inévitablement
différentes méthodes d'expression. Cela n'implique pas
non plus l'évolution ou le progrès, mais une adaptation
de l'idée que l'on veut exprimer et les moyens d'exprimer
cette idée.
Les
arts de transition n'existent pas. Dans l'histoire chronologique de
l'art il y a des périodes qui sont plus positives, plus
complètes que d'autres. Cela signifie qu'il y a des périodes
où il y a de meilleurs artistes que dans d'autres. Si
l'histoire de l'art pouvait être représentée
graphiquement, comme dans un tableau utilisé par une
infirmière pour marquer les changements de température
de son patient, les mêmes silhouettes de montagnes seraient
représentées, ce qui prouve que dans l'art n'existe pas
de progrès ascendant, mais qu'il suit certains hauts et des
bas qui pourraient survenir à tout moment. La même chose
se produit avec le travail d'un artiste individuel.
Beaucoup
pensent que le cubisme est un art de transition, une expérience
qui consiste à apporter des résultats ultérieurs.
Ceux qui pensent de cette façon ne l'ont pas compris.
Le cubisme n'est pas non plus un grain ou d'un fœtus, mais un art
traitant principalement avec des formes, et quand une forme est
réalisée, elle est là pour vivre sa propre vie.
Une substance minérale, présentant une formation
géométrique, n'est pas faite pour des fins
transitoires, elle est ce qu'elle est et aura toujours sa propre
forme. Mais si nous voulons appliquer la loi de l'évolution et
de la transformation à l'art, alors nous devons admettre que
tout art est éphémère. Au contraire, l'art
n'entre pas dans ces absolutismes philosophiques. Si le cubisme est
un art de transition, je suis sûr que la seule chose qui va en
sortir est une autre forme de cubisme.
Les
mathématiques, la trigonométrie, la chimie, la
psychanalyse, la musique et que sais-je, ont été liées
au cubisme pour lui donner une interprétation plus facile.
Tout cela a été de la pure littérature, pour ne
pas dire absurde, et a seulement réussi à aveugler les
gens avec des théories.
Le
cubisme s'est maintenu dans ses propres limites et les limites de la
peinture, il n'a jamais fait semblant d'aller au-delà. Le
dessin, la forme et la couleur sont comprises et pratiquées
dans le cubisme dans l'esprit et la manière dont ils sont
compris et pratiqués dans toutes les autres écoles. Nos
sujets peuvent être différents, comme nous avons
introduit dans la peinture des objets et des formes qui étaient
auparavant ignorées. Nous avons gardé nos yeux ouverts
à notre environnement et aussi notre cerveau.
Nous
donnons aux formes et aux couleurs toute leur signification
individuelle, autant que nous pouvons les voir; dans nos sujets, nous
gardons la joie de la découverte, le plaisir de l'inattendu;
notre sujet lui-même doit être une source d'intérêt.
Mais à quoi sert de dire ce que nous faisons quand tout le
monde peut le voir si il le veut ?
«Picasso
Speaks » The Arts, New York, mai 1923, pp 315-26;
reproduit dans Alfred Barr: Picasso, New York 1946 pp 270-1.
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