vendredi 1 février 2019

Stage de marouflage japonais / Ura-Uchi training course


Lorsque j'ai eu fini ma formation universitaire en arts plastiques, cours sur les arts en Occident, Europe et Etats Unis, à la suite des cours du soir des Beaux-arts et des cours sur le motif à Belle-ile, je suis tombée sur un livre sur les arts japonais. Et cela m'a fasciné, je me suis procuré du papier, de l'encre et des pinceaux, c'est ainsi que quelque chose de nouveau a commencé. Je souhaitais maîtriser ce papier tellement différent des nôtres. Je suis remontée à la source.

Je reviens d'une session de formation à la technique du marouflage telle qu'elle est enseignée au Japon : Ura-Uchi. J'ai beaucoup de chance, Jocelyne Derudder, restauratrice de formation occidentale ouvre son atelier à un petit nombre de participants pour partager ses connaissances acquises au Japon. Voici un lien vers son site où vous pouvez voir ses réalisations.




Les cours ont commencé par l'histoire du papier, inventé en Chine, il arrive au Japon vers le V ème siècle en passant par la Corée. Histoire et technique, la façon dont les japonais s'emparent de cette technique et l'améliorent à tel point que ces papiers sont utilisés en restauration pour les oeuvres occidentales également. Jocelyne Derudder est donc allée au Japon dans différents ateliers pour observer et pratiquer la fabrication du papier.

Puis vient la préparation de la colle à maroufler, et très vite nous nous sommes mis à la pratique sur des petits formats que chacun avait apportés. Les participants venaient d'horizons différents, de l'est, de l'ouest ou du sud de la France, des membres d'associations franco-japonaises, de Paris et même de la Suisse, des artistes, et des collectionneurs de peintures japonaises anciennes et de gravures occidentales anciennes.


Le lendemain, nous sommes passés à la fabrication d'un support de séchage pour les marouflages appelé kari-bari, d'un format moyen que chacun a pu ramener à la maison. Puis nous avons vu le marouflage de tissu. En effet les kakejiku, rouleaux verticaux sont entourés de tissus en coton ou en soie selon la destination de l'oeuvre certains sont très codifiés, comme les rouleaux bouddhistes.




Le troisième jour, nous avons réalisé des marouflages d'oeuvres plus grandes, mises à sécher sur nos propres kari-bari, plusieurs techniques différentes, le fait de travailler sur une table noire permet de vérifier l'imprégnation de la colle sur l'oeuvre à maroufler. Et c'était très intéressant d'échanger les uns avec les autres. Margherita avait apportés ses papiers faits à la main, Sandra et moi  avions des peintures sur papier chinois, certains ont tenté de maroufler avec des papiers chinois et c'est aussi ce que j'ai fait en rentrant.




Mais rien de vaut les kozo très fins mis à notre disposition par Jocelyne. Il y a beaucoup à faire maintenant pour pratiquer, j'attends avec impatience les papiers kozo du Japon. La colle a aussi beaucoup d'importance, tout est réversible dans ces techniques. J'ai profité d'être à Paris pour visiter une exposition de peinture contemporaine et je me demande ce que deviendront les oeuvres peintes à l'acrylique dans le temps. La question de la pérennité des oeuvres m'a toujours intéressé.

J'avais emmené des peintures bien sèches et je me souviens du plaisir que j'avais pris, il y a 13 ans déjà à peindre sur ce papier absorbant une image de Porz Pouldon, la voilà séchant sur mon kari-bari.


J'aimerai conclure en apportant cette petite réflexion sur l'art. Ce matin j'échangeais avec un ami à propos de Zao-Wou-Ki, peintre chinois.

 Tout est parti d’une citation de cet artiste :

« Mes amis, historiens d’art ou conservateurs de musée, disent que c’est à partir de 1954 que je suis devenu, comme on dit un « peintre abstrait ». Je n’ai pas cherché à l’être. Le problème d’abstraire ma peinture de l’influence de la réalité s’est imposé comme une nécessité. »
« A partir de ces années je me suis laissé submerger par ma liberté, devenue mon seul guide car je n’avais plus aucun souci d’ordre technique. Je me laissais seulement aller au plaisir de la peinture . »

Et de quelques réflexions où j’estimais que j’avais quelques soucis avec la technique sur papier japonais. Le fait est que le marouflage est l’affaire de spécialistes, une technique très élaborée et je pense que j’ai plus à me concentrer sur la peinture. Néanmoins l’encadrement et la façon dont les oeuvres sont présentées sont très importants à mes yeux. Alors si j’arrive à maroufler mes peintures sur papier, ce sera vraiment très positif.

Zao Wou Ki artiste chinois et formé en Chine, s’est tourné vers la peinture à l’huile et l’occident. Je pense qu’il faut trouver son expression personnelle. Si j’ai quelque chose en commun avec avec lui, c’est l’attrait pour ce que je ne connais pas, l’étranger, pour lui l’ouest et pour moi l’est.

Il faut se démarquer de ce que l’on a appris de toutes façons. Enseigner l’art est à peu près impossible, il y a la technique et les techniques, d’une part et la réflexion sur son propre travail par rapport à celui des autres, sa position dans le temps - histoire de l’art - ce que disent les experts en art, qui ne sont pas des artistes…pour finalement être capable de défendre son propre travail. On peut approfondir une technique pour s’exprimer.



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